L'histoire du
Capitole est ancienne, bien plus ancienne que la façade monumentale qui est un des symboles de la ville et qui ne date que du XVIIIè siècle.
Au Moyen Age, les riches marchands de la ville entreprirent de se libérer de la domination des deux pouvoirs principaux de la ville, l'évêque et le comte. Ayant obtenu au XIIè siècle des "libertés", les représentants de cette bourgeoisie locale, qu'on appellerait bientôt capitouls car ils se réunissaient en chapitre, décidèrent de construire une maison commune. Le lieu choisi était fort symbolique : au nord de la cité, il tournait le dos au Château-Narbonnais résidence du comte qui se trouvait au sud ; situé contre l'ancienne muraille romaine, il était à la limite entre la cité et le bourg Saint-Sernin. Au cours des siècles qui suivirent, une série de bâtiments (prison, salles de réunions, salles des archives, salle d'apparat) s'entassèrent dans un espace fortifié que les capitouls se résolurent au XVIIè siècle à réorganiser. A l'intérieur de cet ensemble, la
cour Henri IV édifiée au début du XVIIè siècle fut le théâtre en 1632 de l'exécution du duc de Montmorency, gouverneur de Languedoc, coupable de s'être révolté contre le roi (une plaque rappelle cette exécution dans la cour que domine une
statue du roi Henri IV en armure noire).
Faute de moyens, les travaux de la façade monumentale ne commencèrent qu'au XVIIIè siècle sur les plans de l'architecte toulousain Guillaume Cammas (le but de la façade était en fait de masquer l'ensemble des bâtiments hétéroclites qui composaient le Capitole). Construite en pierres et briques (longtemps dissimulées derrière un badigeon blanc), la façade avait une valeur très symbolique puisqu'elle portait en son centre
huit colonnes qui évoquaient les huit capitouls qui dirigeaient la ville ; par ailleurs, les
blasons des capitouls en charge étaient accrochés aux grilles des balcons. Au XIXè siècle, les bâtiments se trouvant derrière la façade furent détruits (à l'exception de la
Tour des Archives) et le bâtiment principal restructuré (création d'une nouvelle salle des Illustres commémorant le souvenir des Toulousains célèbres)
La place de 12000 m² ne fut dégagée qu'à la fin du XVIIIè siècle afin de mettre la façade en valeur (cet aménagement tardif explique qu'il n'y ait jamais eu à Toulouse, contrairement aux places royales des autres grandes villes françaises de statue sur la place). Au XIXè siècle, l'architecte municipal Jean-Pascal Virebent réalise les ensembles de façades qui entourent la place, avec en face du Capitole un
passage sous arcades. L'avènement de l'automobile fit de la place un grand parking avant qu'au début des années 70 le parking soit enterré (lors des travaux, les restes de la porte romaine de Toulouse furent découverts et immédiatement détruits). Lieu incontournable de la ville, la place du Cap' comme on dit à Toulouse est aujourd'hui utilisée pour la tenue de marchés ou de grandes manifestations culturelles.