A Marseille, c'est Zinedine Zidane qu'on découvre peint sur un mur sur la corniche. A chacun ses idoles ! Toulouse a choisi ce mode d'affichage pour honorer Claude Nougaro, poète et chanteur originaire de la Ville Rose. Entre les rues Pargaminières et Valade, près de la place Saint-Pierre haut-lieu des soirées toulousaines, Claude Nougaro, micro en main, semble faire swinguer la ville sur une affiche de six mètres de large sur onze de haut.

Né le 9 septembre 1929 à Toulouse, Claude Nougaro est le fils d'un chanteur du Théâtre du Capitole et d'une professeur de piano. Enfant, il écoute à la radio chanson française et jazz se construisant ainsi la double culture qui soutiendra son oeuvre future. Après avoir échoué au bac, il part à Paris où il se fait engager dans différents journaux ; dans le même temps, il commence à placer ses textes de chanson pour Marcel Amont ou Philippe Clay. A la fin des années 50, il commence à chanter lui-même ses textes mis en musique par Michel Legrand (Le Cinéma, Les Don Juan) ou Jacques Datin (Cécile ma fille, Une petite fille). Ses premiers succès ont aussi un goût de scandale (l'utilisation du mot "con" dans Une petite fille) mais les rythmes de Nougaro (qui ajoute à ses influences la musique latino-américaine) et ses prouesses poétiques lui valent le succès jusqu'au milieu des années 70.

Une parenthèse de dix ans sans véritable succès (entre 1975 et 1987) prend fin de manière stupéfiante avec l'album Nougayork qui relance la carrière du "petit taureau" toulousain. Les albums Pacifique, Chansongs ou Embarquement immédiat sont des succès salués par le public et la critique. Cependant, après une opération du coeur en 1995, la santé de Nougaro se dégrade et il réduit progressivement ses activités. Il meurt à Paris d'un cancer le 4 mars 2004 sans avoir pu terminer son nouvel album La Note bleue enregistrée sous le prestigieux label de jazz Blue Note.

L'annonce de la mort de Claude Nougaro suscte une immense émotion dans sa ville natale qui expose son portrait à la façade du Capitole. Ses obsèques sont célébrées en la basilique Saint-Sernin et une partie de ses cendres sont dispersées dans la Garonne. La ville n'a cessé depuis d'honorer ce maître de la chanson française, auteur d'une chanson qui constitue un véritable hymne local, Toulouse. Le nom de Claude Nougaro a été donné à la station de métro et au collège des Minimes, à une salle de concert, au jardin municipal du quartier des Minimes. Le texte de sa chanson C'est une Garonne est gravé sur une plaque au pied du Pont-Neuf tandis que celui de Toulouse est visible dans le marbre du jardin des Minimes. Même le système de vélo urbain a emprunté à Nougaro en étant baptisé Ô Toulouse...